L’île de Gorée, sanctuaire de la douleur noire

Cette escapade au Sénégal avec mes enfants est une belle occasion de leur raconter l’époque tragique de la traite négrière : l’île de Gorée en reste le symbole. Venir ici, c’est ouvrir son esprit à la réconciliation et au pardon, c’est avancer ensemble dans la même direction sans jamais oublier le passé. Pour y aller, nous prenons la chaloupe qui part de la pointe des Almadies, une traversée d’une vingtaine de minutes. 

A la descente du bateau, le temps semble avoir suspendu son vol. La place du gouvernement, qui fait face à l’embarcadère, annonce l’ambiance paisible d’une population d’à peine 1000 âmes, qui tranche avec l’agitation de la trépidante Dakar.

Le tour de l’île à pied nous plonge dans le patrimoine préservé de son histoire tragique, dissimulée derrière l’ouvrage du temps qui passe. Il règne dans ce lieu une telle douceur de vivre, que j’imagine avec peine les souffrances de ces noirs africains, maltraités et déportés jadis par l’homme blanc cruel et tout puissant.

Je m’arrête sur l’architecture de ses vieilles bâtisses coloniales du 18è siècle, aux couleurs chatoyantes, sur la plus ancienne mosquée du Sénégal, sur une belle église à la façade jaune vif, sur le musée de la Femme, qui rend hommage au rôle des femmes dans la société sénégalaise.

Au détour d’une rue? pavée joliment fleurie, nous abordons la Maison des Esclaves, devenue un musée et un des symboles forts de toute l’Afrique de l’Ouest.

Dès notre entrée dans les lieux, nous sommes saisis par la perspective du couloir de la mort, desservant les cachots sordides et la fameuse “porte du voyage sans retour” ouverte sur l’océan.

L’être humain n’a pas de couleur. Il a juste une histoire et une culture qui lui sont propres. Et l’homme, d’où qu’il vienne, a tout intérêt à respecter son prochain, s’il veut pouvoir se respecter lui-même. C’est une question de bon sens.

Sur ces paroles “légères”, nous atteignons le fort d’Estrée.

Nous finissons par aller boire un verre sur la place centrale, pour goûter à la magie de la tombée du jour dans ce lieu pas comme les autres. Nous serons gratifiés d’une aquarelle de couleurs ocre, orange, rose absolument magnifique. C’est ça l’Afrique que j’aime !