Le bivouac de la peur dans la réserve de Moreni

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Je rêvais d’Afrique et de grands espaces, je rêvais de dormir à la belle étoile au cœur de la plus sauvage des savanes africaines, mais je ne savais pas encore que je ne reviendrais pas intact de cette expérience au Botswana !

Delta de l’Okavango

Après le survol du delta de l’Okavango, la prochaine étape est l’immense réserve de Moremi, qui couvre un tiers de la superficie totale du delta de l’Okavango, le joyau du Botswana et la plus importante concentration animale d’Afrique.

Nous quittons Maun et notre campement Audi Camp au lever du soleil, à bord d’un 4/4 découvert.

Les deux premières heures furent glaciales en cette période hivernale. Valait mieux prévoir son attirail du pôle nord car nos guides avaient oublié les couvertures !

Nous pénétrons dans la réserve de Moremi vers 11h et nous nous engageons sur une piste sablonneuse bordée d’une forêt de mopanes. Direction la rivière Khwai et le Third Bridge.

Sur 35 km, nous traversons une large plaine inondable, des zones tantôt sèches, tantôt marécageuses, d’où l’on peut observer une vie sauvage et ornithologique incroyablement diversifiée. En chemin, nous croisons déjà des impalas, des koudous, des éléphants, des girafes et des zèbres sur leur terrain de jeu.

Je reste à l’affût des prédateurs. Il parait qu’un léopard traîne dans le coin… 

A 14H, nous dressons notre bivouac en pleine nature. Nous montons les tentes en les disposant en arc de cercle autour de l’emplacement du feu de camp de ce soir et nous fabriquons de toutes pièces les toilettes et la douche de brousse.

Puis nous repartons crapahuter autour de vastes étangs tapissés de nénuphars, d’où émergent souvent les petites oreilles rondes d’une peuplade d’hippopotames assoupis.  

En fin d’après-midi, notre chauffeur-guide quitte la piste et s’engage au ralenti dans les hautes herbes orangées. Il se passe quelque chose mais aucune ombre sauvage dans notre champ de vision. 

Une brise légère et rafraîchissante balaie la savane qui s’étend devant nous à perte de vue.  Quand soudain, le véhicule s’immobilise, moteur coupé. Le silence devient souverain durant de longues minutes.

Et puis la magie opère ! Le fauve bariolé apparait, nonchalant et majestueux à la fois, à peine trahi par son pelage d’or tacheté d’un noir intense qui transperce le tapis végétal.

Il est à quelques mètres mais ne semble pas du tout faire cas de nous. Son attention est ailleurs, il guette sa proie…

Il tente de se camoufler dans les herbes pour échapper à l’attention d’une flopée d’impalas croisant à quelques dizaines de mètres. La scène est stupéfiante.

Cette jolie gazelle a intérêt à fuir rapidement le félin qui la scrute, tout proche…

Notre faction dure une bonne demi-heure à l’issue de laquelle notre léopard finit par renoncer et disparaitre dans le bush. Je me souviendrais toute ma vie de cette scène hors du commun.

De retour au bivouac, vers18h30, nous croisons une horde de lycaons au bord de la piste et à seulement quelques mètres de nos tentes. Ainsi que des éléphants…

Les ombres de la nuit s’emparent du lieu. Nous sommes au milieu de nulle part, encerclés par une peuplade de pachydermes invisibles qui se délectent de branches d’acacias dans un bruissement inquiétant. Nous prenons alors conscience du risque de les voir charger nos tentes durant notre sommeil, emportant tout sur leur passage, y compris nos pommes !

Avant de nous réfugier auprès du feu pour le dîner de brousse.

Ambiance apéritive ponctuée de bruits angoissants et d’ombres suspectes jusqu’à l’extinction des feux et l’interdiction formelle de sortir de notre tente.

Une fois seuls sous la toile, un grognement de lion retentit à des kilomètres à la ronde. Il est peut-être loin mais j’ai l’impression qu’il nous frôle. Les éléphants sont toujours en train de festoyer à quelques mètres de là. On dirait qu’ils cassent les branches juste au-dessus de nos têtes !

Au lever du jour, nous reconnaissons avec stupeur sur le sol sablonneux du campement les traces de hyènes, de lycaons et même d’un lion au beau milieu du bivouac. Les éléphants sont toujours aussi bruyants à quelques mètres de là. A croire qu’ils ne dorment jamais ces gros bestiaux.

Mais il est temps déjà de repartir sur les pistes fauves =) voir l’article.