Centro de Rio

Blog Brésil
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Tandis que j’achève la relecture de Rouge Brésil, cette magnifique fresque au long cours de J.C. Rufin, mon avion se pose sur la piste de l’aéroport de Rio. Le mythe de la “cidade maravilhosa” titille mon imaginaire et je m’amuse à penser que les brésiliens, à un poil près de l’histoire, auraient pu parler la langue de Molière…

En cette fin de journée pluvieuse, je parviens tant bien que mal à dénicher un petit hôtel rustique tout proche du quartier de Lapa. Rio de Janeiro sera la première étape de mon périple dans ce pays haut en couleurs dont le nom de braise rend hommage au pau-brasil, ce fameux bois brésilien à la pulpe rouge.

Dès le lendemain matin, au détour d’une large avenue, je me retrouve face au pont du Gard ! Sauf que celui-là arbore une couleur blanche étincelante sur les deux niveaux de ses arches majestueuses.

Arcos de Lapa, c’est son nom, l’aqueduc des cariocas, est un beau  vestige de l’époque coloniale portugaise. Il illumine sur une centaine de mètres la place Cardeal Camara dans le quartier de Lapa.

En remontant une petite rue pavée très “graffitée”, j’aperçois la voie ferrée, qui le traverse sur toute sa longueur pour relier le centre-ville à la cime de la colline de Santa Teresa. Malheureusement, elle n’est plus empruntée par le “bondj”, le célèbre cable-car jaune de Rio, réminiscence des antiques tramways qui sillonnèrent le Brésil dès la fin du XIXe siècle.

Son va-et-vient tintant et trébuchant a été suspendu en août 2011, à la suite d’un accident tragique. Rio n’a plus de comparaison possible avec San Francisco !

Non loin des arches,  égaré dans un dédale de ruelles pittoresques, mon regard est distrait par une coulée jaune et rouge qui dévale un escalier de quartier.

Il s’agit du fameux Escadaria Selaron,  carrelé aux couleurs du Brésil avec des centaines de faïences provenant du monde entier. Il déroule son tapis coloré depuis le quartier bohème de Santa Teresa jusqu’à Lapa.

Du bas de la rue Manuel Carneiro, déserte à cette heure matinale, je m’élance sur les 215 marches  ornées de mosaïques jaunes, bleues et vertes. 

Certaines me racontent une histoire, et je prends la mesure de cette œuvre d’art à ciel ouvert, façonnée à l’occasion de la coupe du monde de football de 1994, et restaurée au fil du temps par l’artiste chilien Jorge Selarón. Son corps aurait été retrouvé carbonisé en janvier 2013 sur ces mêmes escaliers qui ont fait son succès. Quel drôle de destin !

Riche de ces clichés insolites, je poursuis ma quête dans le quartier perché de Santa Teresa, dentelé de bâtisses coloniales décrépites. Je déambule avec jubilation dans ses ruelles tortueuses au doux parfum de bohème. Avant de me poser à la terrasse d’un petit restaurant typique pour prendre le temps de ressentir le lieu.

Je finis par redescendre la colline dans l’idée d’attraper un taxi pour le Corcovado. En chemin, j’ai la chance de jouir d’une vue spectaculaire sur le Pain de Sucre, sur une favela perchée et sur la magnifique forêt de Tajuca.

Arrivé en bas, je me retrouve par hasard sur le marché de Gloria, haut en couleurs, où je vais découvrir des fruits incroyables et goûter l’excellente mangue brésilienne. 

A ce moment-là, je me dis que la meilleure façon de saisir la fabuleuse énergie de cette ville est de venir s’y perdre…

Après notre belle expérience auprès du Cristo Redentor, avec Isabelle, nous redescendons la colline du Corcovado par le funiculaire pour nous rendre au Pão de Açúcar, le célèbre Pain de Sucre de Rio. De la station de  Cosme Velho, nous sautons dans le premier bus pour nous rapprocher du quartier de Urca et de la Praia Vermelha, d’où s’élance le téléphérique du Pão de Açúcar. 

Praia Vermelha

Deux bus et 35 minutes plus tard, nous prenons le temps d’admirer le majestueux Pain de Sucre depuis la petite “plage rouge” qui s’étend sur 200 mètres, au pied du célèbre piton rocheux.

Nous n’assistons pas à une explosion de carmin, mais le sable ici a une originalité : il renferme des gros cristaux rosés et ocre qui nous font penser à du sucre de canne. Isa ne résiste pas à la tentation d’en conserver un échantillon !

A l’extrémité ouest de la plage, attirés par la végétation luxuriante qui la ceinture, nous nous engageons sur la Pista de Cláudio Coutinho, un chemin de promenade en bord de mer, qui s’enfonce dans la forêt épaisse sur 1,5 km environ, en longeant le Morro da Urca, et qui se termine en cul-de-sac. Si l’on en croit les pancartes touristiques qui jalonnent le sentier, une faune sensationnelle serait locataire de ce petit bout de forêt vierge, à commencer par des petits serpents corail… Mais nous ne croiserons que des petits singes téméraires et peu farouches. 

Au milieu de ce chemin, s’élance un sentier de randonnée très escarpé, qui remonte jusqu’au premier niveau du Pain de Sucre, en pleine jungle ! Par manque de temps, nous renonçons à cette virée improbable et nous filons au “bondinho”, le téléphérique panoramique qui va nous élever au sommet du Pain de Sucre, à près de 400 mètres d’altitude, dans un ciel bleu et dégagé.

L’ascension s’effectue en 2 temps.  La première ascension de 215m nous transporte sur la plateforme aménagée en haut de la colline de la Urca. Déjà, le spectacle est fabuleux ! Des vues impressionnantes à 360° sur la baie de Guanabara, la forêt de Tijuca, la ville de Niterói, mais aussi la plage de Copacabana et les quartiers de Botafogo et Flamengo.

Nous empruntons ensuite le second téléphérique pour atteindre le sommet du Pain de Sucre. Malheureusement, il est complètement plongé dans une brume épaisse et persistante qui va contrarier notre quête de belles images.

Pour nous consoler, nous retournons au premier niveau succomber à de succulents pasteis de camarao et à une bonne bière en terrasse, la tête dans les nuages…

Et je repense à la scène d’anthologie dans Moonraker, ce très bon James Bond, où Roger Moore arrive à bout du géant aux dents d’acier dans la cabine du téléphérique, exactement à l’endroit où nous nous trouvons