Immersion en sultanat Bamoun

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Nous prolongeons la découverte des Chefferies jusqu’au pays Bamoun. A partir de Bafoussam, une bonne route goudronnée s’offre à nous sur 60 km pour atteindre la grande cité des arts de Foumban. A mi-chemin, nous déjeunons dans un décor magnifique au bord du lac Petpenoun.

En arrivant au Palais royal de Foumban, j’aperçois une drôle de construction qui ressemble étrangement à une araignée sur un serpent !

Nouveau Musée des traditions Bamoun

Il s’agit du nouveau Musée des traditions Bamoun ! Le chantier est quasiment terminé et l’ouverture est prévue pour la fin d’année (2017). En fait, il s’agit d’un serpent à deux têtes, surmonté effectivement d’une araignée géante. Tout simplement magnifique ! 

Alidou, le guide du musée depuis plus de dix ans, m’apprendra un peu plus tard que le serpent bicéphale est le symbole de la double puissance du roi MBUEMBUE, le 11ème roi de la dynastie Bamoun, qui vainquit jadis des tribus rivales sur deux fronts, dont l’une avait tenté de l’impressionner avec un serpent géant factice !  Tandis que l’araignée symbolise le travail et la sagesse !

D’après la légende, ce fameux roi Mbuembue mesurait 2,60 mètres de hauteur. Il avait une tête, des oreilles et des yeux énormes. Lorsqu’il parlait, on l’entendait à 6 kilomètres à la ronde. Et lorsqu’il grondait, il se faisait entendre sur 15 kilomètres. Il restait couché pour s’entretenir avec ses visiteurs, et lorsqu’il s’asseyait, ceux-ci prenaient la fuite !

Palais Royal de Foumban

Juste à côté, le Palais Royal de Foumban m’invite à explorer les secrets de la dynastie des rois Bamoun et l’incroyable épopée du sultan Njoya qui inventa notamment une religion inspirée du christianisme et de l’islam, ainsi qu’une écriture royale de 510 signes syllabiques.

La visite du Musée me plonge dans l’histoire de la civilisation du peuple Bamoun. Ses symboles, ses rites, ses guerres, et les rois qui se sont succédés pendant près de 600 ans. Alidou m’apprend que ce palais a été construit en 1917 par le roi Ibrahim Njoya. La première bâtisse a d’abord été élevée en bois et en bambou, mais à chaque rébellion, le palais était incendié. En visite à Buea, dans le Sud-Ouest, le roi Njoya découvrit des bâtisses construites en terre cuite par les Allemands et décida de modifier l’architecture de son palais.

Le roi Ibrahim Njoya a marqué l’histoire du peuple Bamoun par de nombreuses inventions. En 1896, il créa l’alphabet Shü mom (encre du peuple Bamoun) en 510 signes, réduits quelques années plus tard à 80 syllabes. Avec cette écriture, le roi Njoya écrivit des livres sur la médecine traditionnelle, dont certains ont été traduits en français parait-il. Lié à 6OO femmes, le roi Njoya créa des actes de mariage et rédigea « Le livre de l’amour », un véritable kamasutra avec 99 critères pour apprécier une femme ! Il existe aujourd’hui une école qui enseigne l’écriture du roi Njoya.

Le manteau de plumes qu’arborent tous les rois lors de leur intronisation est accroché dans un coin du musée. L’usure du temps n’a pas eu raison du vêtement. On retrouve tout près du manteau de plumes, quelques emblèmes du roi, notamment son tapis en peau de panthère qui mesure 15 mètres, son chasse mouche en queue de cheval et les deux ivoires d’éléphant que l’on place derrière le siège du roi pour symboliser sa grandeur et sa puissance.

Le musée regorge de fusils de guerre, de lances empoissonnées et autres armes, mais aussi d’objets de protection comme ces masques avec têtes d’oiseau que l’on mettait au-dessus des toits pour chasser les mauvais esprits. Il y a aussi ce luth, instrument de musique joué pour les malades et la tenue de Mangweloune, la danseuse du roi Njoya Ibrahim.

Présentation sympathique des instruments de musique traditionnelle, dont le balafon bien sûr !

La visite se poursuit à l’extérieur du Musée, en plein milieu du marché (c’est mercredi), haut en couleurs, où se cache la case du tambour sacré.

la case du tambour sacré
le tambour sacré

L’énorme Tambour Nkindi (3,55m de long – 1,17m de hauteur –  1,3m de diamètre) résonne pour annoncer au peuple Bamoun qu’il est temps de se rendre à la cour du roi. Durant la fête traditionnelle de Ngoun, l’armée royale revêt sa plus belle tenue de guerre et se dirige vers la cour du Nja pour attendre le roi. Cette coutume est connue sous le nom de Fit Nkindi.

Un peu plus tard, je découvre « au quartier » une forge de cuivre typique du savoir-faire local.