Comme prévu, le shuttle m’attrape à l’hôtel à 7h00. Le temps de terminer mon expresso et nous voilà partis faire le ramassage des voyageurs pour Chichicastenango et son célèbre marché ultra coloré, considéré comme le plus grand marché d’Amérique Centrale. Il nous faudra 40 bonnes minutes avant de quitter Antigua et prendre la direction des hauts plateaux guatémaltèques. La route est agréable et assez rapide pour avaler les 130 km de petite montagne. Bientôt on attaque la montée pour « Chichi » que nous atteignons à 10h15 à plus de 2000 mètres d’altitude.







C’est jeudi, le marché bat son plein ! Les indigènes de toute la région exposent dans un immense capharnaüm leurs productions de fruits, de légumes, de poteries, de tissages et autres articles artisanaux. Les étals sont effectivement très colorés, notamment par les tissus bariolés typique du Guatemala.




Chichicastenango fut créée, jadis, par les indiens Cakchiquel, descendants Mayas de la population locale dont on peut apprécier les costumes traditionnels dans les travées du marché. L’origine de ce nom improbable provient de la plante Chichicas, qui abonde dans la région.



Le marché s’est emparé du Parque central, entre la célèbre église Santo Tomás et sa petite sœur la chapelle du Calvaire, et déborde largement dans les rues adjacentes. L’église Santo Tomás a été construite en 1540 sur les fondations d’un ancien temple maya dont il ne reste que les escaliers de pierre.

Des chamanes y pratiquent des cérémonies païennes en invitant les fidèles à faire des offrandes de pétales de fleurs, à brûler de l’encens et des bougies à l’intérieur de l’église, mais aussi sur les 18 marches sacrées symbolisant les 18 mois de 20 jours du calendrier Maya. Ce syncrétisme religieux maya-catho est palpable sur le parvis de l’église investi par les marchandes de fleurs et les brûleurs d’encens. Il y règne une atmosphère biblique qui tranche avec le tumulte commercial qui fait rage dans les travées du marché.









A 14h, il est temps de quitter « Chichi » et ses travées colorées pour rejoindre Panajachel, le gros bourg touristique du lac Atitlan, à 1600 mètres d’altitude, que nous atteignons 1h15 plus tard par une route de montagne d’environ 40 km. Le minibus me dépose directement au Porta del Lago Hôtel.


De la terrasse de ma chambre, le décor est planté !

Le temps de déposer mes affaires, et je file sur la sympathique promenade qui longe la rive du lac pour tenter de trouver une lancha privée pour demain. Sans mal, je déniche un boat-driver avec qui je négocie assez facilement un tour privé pour 400 QTZ la journée.


Blotti dans un vieux cratère depuis 80 000 ans et ceinturé par les trois majestueux volcans Atitlan, Toliman et San Pedro, le lac Atitlan est décrit comme le plus beau lac du monde par l’explorateur allemand Alexander von Humboldt !

Un peu plus tard, je me balade sur la Calle Santander, l’artère commerciale principale de « Pana » qui abrite un sympathique marché artisanal. En fin de journée, je vais profiter de l’hôtel car il est quand même bien sympa. Et des couleurs du crépuscule sur le lac, absolument envoûtantes !



Comme prévu, j’ai rendez-vous à 9h30 avec Lucas le driver-boat que j’ai sollicité la veille pour réaliser un tour privé pour la journée. Au programme Santiago Atitlan – San Pedro de la laguna – San Juan Laguna – San Marcos la Laguna – Santa Cruz la Laguna. Nous entamons la traversée du lac pour atteindre la première étape, Santiago Atitlan, en 25 minutes environ. Il fait un temps splendide et la vue à 360° sur les petits villages dégoulinant sur le flanc de la montagne est exceptionnelle. La masse impressionnante du volcan San Pedro croit au fur et à mesure que nous approchons de Santiago.



A ma grande surprise, je débarque à Santiago au moment du grand marché du vendredi. Le Centro est en ébullition depuis la grande plaza qui jouxte l’église. Je suis en pays Tzutujil, et les femmes portent des chemisiers brodés avec des dessins de toute beauté tandis que les hommes arborent un chapeau de cow-boy et un bermuda blanc à rayures verticales, tenu à la taille par une large et longue ceinture en tissu, dont les extrémités pendent jusqu’aux genoux. Les tissus sont moins colorés que ceux observés à Chichicastenango.





Je ne me lasse pas de la beauté des huipiles, ces superbes tuniques tissées à la main et portées par les femmes. J’aperçois aussi quelques femmes âgées arborant le fameux couvre-chef tocoyal, un bandeau très coloré tissé à la main bien sûr, enroulé sur lui-même, et pouvant mesurer jusqu’à quatre mètres. On pourrait penser à une grande couronne en tissu rouge vissée autour de la tête.

La traversée de ce dédale coloré et tumultueux me conduit sur la place de l’église, désertée pour l’occasion. J’en profite pour souffler un peu avant de demander à un passant où se trouve la casa de San Maximon.




Par chance, la casa de la fameuse divinité maya du coin est à deux pas de l’église. Sa garde est confiée pour une année à un membre de la confrérie de la Sainte Croix. L’heureux élu a la charge d’habiller le saint, et il doit veiller à ce que son cigare soit bien allumé et son verre d’alcool plein. Je m’acquitte donc des 10 Qtz requis pour admirer et photographier la relique païenne en compagnie de son tuteur.

Avatar présumé de San Simón, Maximón serait, parait-il, le croisement d’un dieu maya, d’un conquistador espagnol et du Judas de l’évangile. Une belle démonstration du syncrétisme religieux maya-catho qui règne dans toute la région. San Maximón est vénéré à Santiago Atitlán, mais aussi à San Pedro, Zunil ou San Lucas.

En fait, 12 villages sont accrochés au Lac Atitlan. Ils abritent des communautés ethniques dont l’existence est rythmée par d’immuables traditions culturelles Mayas. Les habitants sont fiers de porter leurs vêtements et chapeaux traditionnels, et puisent leurs principales ressources dans la pêche, l’agriculture, l’artisanat et plus récemment le tourisme. Considérant le lac comme un lieu sacré, ils pratiquent encore des rituels ancestraux, empreints de chamanisme, pour recevoir la protection des divinités.

San Pedro de la Laguna se trouve à quelques encablures de Santiago (15 minutes de lancha). Comme sa voisine, une nuée de « tuk tuk » attendent les visiteurs à l’embarcadère. De là une longue artère commerciale, remplie d’échoppes de tissus et d’objets artisanaux en tous genres, se déploie jusqu’au Centro.



Je discute avec un chauffeur de « tuk tuk » et finit par négocier un petit tour qui passera par l’église et le mirador de San Pedro, mais aussi une petite fabrique de textiles de San Juan la Laguna, village réputé pour la qualité de ses tissus.

Le mirador n’est pas indispensable même s’il permet de photographier une belle vue de San Pedro et du « Cara del Maya » (Visage du Maya), une curiosité géologique qui ressemble au profil d’un visage humain.

San Juan est à 5 min de San Pedro et semble plus paisible que son voisin qui attirent visiblement pas mal de gringos pour ses écoles d’espagnol parait-il. D’ailleurs, il y a beaucoup plus de restos et bars à San Pedro.



La grande spécialité de San Juan, c’est le tissage. Et je tombe justement sur une petite fabrique de textile vraiment intéressante.

J’y découvre différentes variétés de coton, avec quelles plantes ils sont teints et comment les femmes s’y prennent pour les filer à la main, juste avec l’aide d’un métier à tisser traditionnel



A San Juan, les femmes portent le « corte », un grand morceau de tissu aux lignes géométriques, enroulé autour de la taille. Mais aussi le fameux huipil : un corsage taillé dans un carré, à l’encolure entièrement brodée à la main. Dans la tradition maya, le tissage a toujours tenu une place importante. Le vêtement traduit l’identité de celui ou celle qui le tisse : le lieu d’où il vient, la famille dont il est issu, voire la place qu’il tient dans l’univers…


San Marcos de la Laguna est un village beaucoup plus confidentiel que les autres, presque caché et niché dans un îlot de verdure.






Je me suis laissé tenter par un tuk-tuk-driver pour me rendre à un petit mirador, à 5 minutes de l’église, pour admirer la vue sur le village.

En fait, San Marcos est surtout le village des « perchés » venant du monde entier, le repaire de quelques néo-hippies en quête d’expérience ésotérique. On y pratique la Médecine holistique, des danses transcendantales, le Yoga et la cuisine végétarienne. Dans le genre » j’ai testé un truc et je ne suis jamais redescendu », je suis servi !




J’ai beaucoup aimé cette ambiance d’un autre temps dans un décor labyrinthique de petits chemins et d’hôtels-restos emprisonnés dans une végétation luxuriante. Certes, San Marcos est devenu un spot new-age assez touristique où l’on voit finalement assez peu de locaux, mais dès que je suis sorti de la rue principale et de son cortège d’échoppes en tous genres, j’ai ressenti une vraie douceur de vivre et une tranquillité absolue !

Par hasard, en empruntant un sentier de terre improbable, j’ai découvert la superbe réserve protégée de Cerro Tzankujil. Un droit d’entrée de 15 Qtz permet de s’immerger dans une jungle luxuriante, sur des chemins balisés et de longer le lac en profitant de vues incroyables sur le volcan San Pedro. En plus, des promontoires en bois aménagés sur les rochers, procurent des supers plans baignades. On peut même faire des sauts de 10 mètres !





Je finis mon tour du lac par Santa Cruz la Laguna, déjà bien fatigué de cette journée qui m’a réservé de bien belles surprises. La montée depuis l’embarcadère jusqu’au Centro me parait particulièrement usante, alors j’attrape un tuk-tuk pour atteindre la place centrale du petit village.


Et là, je tombe sur une procession mortuaire en train de pénétrer dans l’église ! Les gens arborent une tenue traditionnelle encore différente des autres villages.





De retour à Panajachel, je décide d’aller faire un tour à Solola, à seulement 7 km et 10 minutes en « chicken bus » de mon hôtel. J’avais été intrigué, trois jours avant, depuis la fenêtre du bus qui m’amenait à « Pana », par son cimetière très coloré qui faisait face au lac Atitlan et au lointain volcan San Pedro.










