- J’irai marcher sur la lune !
- Rando Sentiers Scout et Augustave
- Milieu de cordée sur la crête des 3 Salazes
Qui n’a pas fait la rando des 3 Salazes ne connait pas la Réunion, parait-il ! Il n’en fallait pas plus pour me décider à relever le challenge. Et pour ça, il faut déjà se rendre à Cilaos pour y passer la nuit, et donc se taper les 400 virages vertigineux 🙂














Après une courte nuit au gîte « Les Portes du Taïbit », Thierry (le guide de haute montagne) réveille toute la chambrée à 4h. Il est temps de se rendre au départ du sentier du col du Taïbit sur la route d’îlet à Cordes. Briefing sur le parking. Thierry nous donne le programme qui nous attend : escalades en cordée, tyrolienne vertigineuse et descentes en rappel.

La randonnée des 3 Salazes est un véritable défi en apesanteur sur une ligne de crête effilée. « Salaze » vient du nom malgache « Salazane » qui signifie pieu. En vrai, il s’agit de trois rochers phalliques, surplombant les cirques de Mafate et de Cilaos à plus de 2000 mètres d’altitude. Ils se méritent et avant d’avoir la chance de les escalader, nous allons devoir monter quelques marches bien raides.

Baudriers et casques dans le sac à dos, frontale sur la tête, nous débutons la marche d’approche et nous voilà partis pour 2h30 d’ascension. Ça grimpe pas mal mais le sentier du Col du Taïbit est bien aménagé. L’ambiance est particulière : nous progressons dans une semi-pénombre, seuls au monde.

La pente s’adoucit, les muscles chauffent et le groupe s’encourage. Nous continuons sur le sentier de Cap Bouteille où nous attend une dernière montée, bien abrupte. Il nous faut parfois nous aider des arbres et des racines pour pouvoir avancer. Au Col de la Choupette, au pied du Gros Morne, je suis déjà bien crevé. Mais il est temps de nous équiper. Le Grand Bénard se distingue parfaitement au bout de la ligne de crête que nous allons gravir.

Avant d’attaquer la crête, Thierry prépare la cordée en nous rappelant les règles de sécurité. Le plus sensationnel reste à venir sur l’étroite bande rocheuse de 800 mètres de déroulé.




Certaines parois rocheuses s’avèrent particulièrement compliquées à contourner et nous restons vigilants dans notre progression à plus de 2000 mètres d’altitude.






Parfois, le passage fait 50 cm de large sur quelques cailloux branlants, avec le vide vertigineux des deux côtés de soi. Tels des funambules sur un fil, nous progressons chacun au rythme de celui qui le précède.





Puis vient le moment d’une petite escalade de six bons mètres à la verticale d’un décor somptueux. Un pied ici, une main là, je rate une prise, je retiens la corde, je pousse sur mes bras et j’arrive en haut épuisé. Je suis au bout de ma vie, mais tout va bien, je tiens le choc.


Une bonne heure de progression jusqu’aux trois Salazes, rythmée par le cliquetis des mousquetons et l’essoufflement des uns et des autres, et durant laquelle, la fatigue aidant, je ne peux résister à la peur du vide. Alors, j’évite de regarder vers le bas et je mise tout sur le mental.




En équilibre sur le pic rocheux de moins d’un mètre carré, nous jouissons d’un panorama hallucinant, à 360° sur les cirques de Mafate et de Cilaos. Secrètement, je ressens une certaine fierté à l’idée d’être perché là, en compagnie de cette belle jeunesse, après avoir pas mal poussé mes limites physiques et nerveuses.






Trente mètres de rappels nous attendent encore avant de retrouver la terre ferme et rassurante du sentier de Cap Bouteille.



Je me souviendrai longtemps de cette fabuleuse randonnée qui m’a fait prendre un bel ascenseur émotionnel à plus de 2000 mètres vertigineux. Au point de passer au second plan les fantastiques panoramas qui se sont offerts à moi sur les cirques de Mafate et de Cilaos. Un très grand moment à passer en se dépassant !


Sur le chemin du retour, un stop aux « Roches Noires » de Saint-Gilles s’imposait.




« Boucan Canot« , c’est pas mal non plus !







