J’avais vécu une expérience inoubliable à Anakao en décembre 2019 (Anakao Beach en roue libre), ce qui m’avait donné envie de revenir explorer davantage le grand sud malgache. Ainsi, je me suis lancé en juillet 2025 dans un nouveau road-trip sur les pistes côtières qui relient Tuléar à Fort Dauphin, un périple aventureux d’environ 850 km en 4/4 avec chauffeur, qui ravit mon âme de mangeur de pistes longues et éprouvantes me récompensant de paysages extraordinaires.


Tout commence par un vol intérieur Tana-Tuléar le 21 juillet avec Air Peut-être (Madagascar Airlines), qui se déroule sans mauvaise surprise. Je resterai deux nuits à l’Hôtel Amazone avant de rallier Anakao, le point de départ du road-trip.


Le village d’Anakao est bien relié à Tuléar par la terre mais la piste qui y mène est tellement défoncée qu’elle se fait en 10 heures, le temps que mettra mon chauffeur Fidy pour m’y retrouver deux jours après notre briefing de Tuléar. De mon côté, je prendrai la navette de Anakao Express à l’embarcadère face au restaurant Vahombe et à 200 m de l’Amazone. L’embarquement est pour le moins surprenant puisqu’il faut monter sur une charrette à zébus depuis la plage pour atteindre le bateau.



Il faut compter une heure de navigation pour atteindre la plage d’Anakao, via l’embouchure de l’Onilahy et en longeant la côte de Soalara. La traversée en soi constitue déjà une chouette expérience à vivre 😜


Le bateau nous dépose directement sur la plage de notre hôtel Longo Vezo, qui jouxte le Lalandaka Lodge, juste assez loin du village pour avoir la tranquillité et assez près pour s’y rendre à pied (15 minutes le long de la plage) profiter de ses nombreuses gargotes.





Petit déjeuner tranquille sur la terrasse face à la mer puis transats sur la plage. La marée est basse, il faut avancer très loin dans l’eau vers la barrière de corail pour espérer faire baignade.

Situé près du Tropique du Capricorne, Anakao offre un paysage à la fois pittoresque et sauvage, une nature encore préservée où le retour de la pêche rythme les journées et constitue à lui seul un véritable spectacle. Le charme de ce village de pêcheurs réside essentiellement dans ses nombreuses plages de sable blanc qui bordent un fabuleux lagon turquoise =) voir la video https://youtu.be/zrJ1QOZHBao





Nous trouvons une gargote sympa dans le village pour déguster les langoustes + crabes + crevettes + riz + pommes sautées négociés la veille avec les vendeurs de plage.


L’hiver austral est propice à l’observation des baleines à bosse venues batifoler dans les eaux chaudes du canal de Mozambique ! Et justement, de la terrasse du resto, on en voit quelques-unes sauter au loin alors on se laisse tenter par des guides improvisés pour une sortie pirogue à voile et à moteur. On en suivra au moins deux à la trace autour de Nosy Ve.

Et comme on aperçoit du bateau Nosy Satrana, on se laisse une fois de plus tenter pour y faire un stop, moyennant quelques milliers d’ariarys en plus.






L’îlot est désert et agréable à traverser. Il abrite de nombreuses tombes Vezo. Il fait face à un petit village de la grande terre (Hajangui) auquel il est relié par une bande de sable à marée basse. Ce village se trouve à 6 km de Anakao.



Ce matin, nous démarrons notre road-trip de 8 jours à destination de Fort Dauphin. Fidy et son 4/4 sont au RDV au Longo Vezo, arrivés la veille de Tuléar. A 8h30, nous prenons la belle piste sablonneuse pour le Parc National du Lac Tsimananpetsotsa, notre première étape à 65 km d’Anakao et 2,5 km du village d’Ambola.


Arrivée à l’entrée du Parc à 10h30. Il faut s’acquitter de 45000 Ar le droit d’entrée + 120000 Ar le guide imposé. La piste commence à longer le lac investi par des milliers de flamants roses, et se déploie sur 21 km pour atteindre le parking. De là, une agréable balade à pied s’offre à nous sur un sentier bien balisé à travers la forêt sèche qui abrite de beaux spécimens de baobabs, de nombreuses grottes et rivières souterraines où vivent des poissons aveugles dont un magnifique cénote emprisonné par un banian gigantesque.






Les colonies de flamants roses décorent l’unique lac salé de Madagascar, le 5ème plus grand lac de la Grande Île : 20km de long sur 2,5km de large et 2 m de profondeur. Il est aussi impressionnant par sa couleur qui varie dans la journée de blanc (à cause de la concentration en sulfate de chaux) à vert topaze en passant par le bleu turquoise. Par cette caractéristique, aucun poisson n’y survit d’où son nom Tsimanampetsotsa traduit littéralement « sans dauphin ».












Sur la piste du retour, nous croisons une ribambelle de lémuriens aux longues queues noir et blanc. Fin de la visite à 13h10 et sortie du parc à 14h15. Nous allons déjeuner au village d’Ambola, juste à côté de la Réserve.

La plage de sable blanc du Domaine d’Ambola est particulièrement belle et la baignade snorkeling près de la barrière de corail y est idyllique. Mais les repas un peu chers à mon goût (75000 Ar un poisson grillé), alors nous allons déjeuner à Ambola Beach hôtel (70000 Ar pour deux mérous géants + accompagnements + boissons).






Nous reprenons la route à 16h pour Itampolo qui se trouve encore à 85 km, donc arrivée probable de nuit. La piste ne présente pas de difficultés. Elle est parsemée de baobabs et de quelques beaux exemples de l’art funéraire vézo. Nous atteignons effectivement le village d’Itampolo et le sympathique Lodge Villa Milahehe Mitonga à 18h40, le noir s’étant emparé du jour depuis 18h. Accueil impeccable de Ernestine et son mari, c’est un super endroit.






Itampolo est un village traditionnel de pêcheurs du bout du monde. C’est pour sa spectaculaire plage de dunes blanches qui s’étend sur des kilomètres que je me suis décidé à réaliser ce road-trip. En plus, je me trouve ici au cœur de l’une des plus grandes barrières de corail dans le monde où un fabuleux lagon turquoise est cerné par des dunes de sable blanc à perte de vue. Derrière ces dunes, la savane se prolonge à l’infini à l’intérieur des terres =) voir la video https://youtu.be/m52NeuQJnDU














Qu’il est bon de se poser sur le sable blanc immaculé face à la grande piscine naturelle qui scintille de tous ses dégradés émeraude-turquoise. J’en ai les yeux qui piquent de tant de beauté.










En début d’après-midi, nous partons découvrir en 4/4 les villages de Malengriake à 13 km au nord (35 minutes de piste de sable) d’Itampolo puis de Lembeitake à 10 km au sud (25 minutes). Le premier donne accès à des petites falaises de gré blanc qui surplombent la mer et visiblement on y pêche abondamment la langouste. Le second est posé sur une belle plage de sable blanc avec des dunes comme à Itampolo et une curiosité au milieu du village : un arbre qui pousse en se couchant. On y pêche aussi le requin.













De retour à l’hôtel à la tombée de la nuit, je me dis que j’ai de la chance de me trouver dans ce petit paradis terrestre où le temps s’est arrêté pour l’éternité !

Ce matin, nous reprenons la piste sablonneuse pour nous rendre à Ambohibola, un village de pêcheurs posé au milieu d’un désert de sable blanc à 60 km au sud d’Itampolo. Départ 6h30, nous prenons la direction de Androka, proche du fleuve Linta, d’où part la piste pour Ambohibola.


Au bout de 40 km, juste au moment de traverser le fleuve Linta asséché, c’est la cata ! Cinq boulons sur les six qui maintiennent la roue arrière droite se sont cassés et cette dernière est sur le point de foutre le camp. Nous sommes perdus en pleine cambrousse au milieu de nulle part et sans âme qui vive. Nous décidons de rallier le village d’Androka à pied, c’est-à-dire environ 10 km à se taper, le temps que le chauffeur trouve une solution.





Heureusement, il ne fait pas trop chaud et nous arrivons au village vers 10h.










Après avoir fait le tour du village qui ne présente aucun intérêt particulier et attendu longuement sur la place centrale, nous retrouvons finalement Fidy vers 15h qui s’est débrouillé comme il a pu pour réparer la roue. Nous pouvons repartir en direction de Ambohibola qui se trouve à 10 km de là. Ce n’est pas loin mais il faut se faire accompagner par un gars du coin car les deux cyclones de février-mars ont rendu infranchissable la piste habituelle. Dès la sortie d’Androka, nous apercevons au loin le désert blanc qui se déploie sur des kilomètres, la magie opère déjà ! =) voir la video ici https://youtu.be/V5NmDd-T5aM


En chemin, on nous dit que la route est coupée et qu’il faut faire demi-tour. Nous décidons de poursuivre à pied à travers les dunes blanches, jusqu’au village du bout du monde. Le chauffeur nous rejoindra là-bas avec son 4/4.

La fin de journée approche, le ciel s’assombrit peu à peu et le vent se lève balayant les grains de sable dans tous les sens.





Nous avons marché deux bonnes heures dans les dunes blanches à perte de vue, une expérience incroyable.









Le village d’Ambohibola est perdu dans le désert blanc et niché à côté d’une immense dune de sable posée au bord de la mer.











Nous sommes au bout du monde, perdus dans la pampa, et pourtant il existe un hôtel spartiate à 30000 Ar la chambre. Nous ferons le choix de dormir dans le 4/4.




Dîner de poissons grillés autour d’un feu de camp familial au milieu du village (2000 Ar un moyen poisson). Il y a beaucoup de vent et il fait froid à la tombée de la nuit.


Après une nuit paisible dans le 4/4, nous quittons le village vers 7h et nous mettons 40 minutes pour atteindre Androka. Toujours à cause des deux cyclones de février-mars, nous apprenons qu’il n’est plus possible de couper directement sur Lavanono en traversant le fleuve Ménarandra. Nous n’avons pas d’autre choix que de remonter sur Ampanihy, à 95 km de là et surtout 6h de piste scabreuse, ce qui nous fait perdre une journée.



La piste s’avère épouvantable, sablonneuse, parfois boueuse, où on a l’impression de s’ensabler à tout moment. Et comme le plateau de Mahafaly est en grande partie taillée dans la roche calcaire, la piste devient caillouteuse sur de nombreux kilomètres, un enfer de conduite !





Nous arrivons à Ampanihy vers 14h où nous passerons la nuit finalement afin de laisser le temps au chauffeur de finir la réparation de la voiture et trouver du gasoil dans l’après-midi. Ampanihy est gros bourg aux rues défoncées. On passe devant une jolie église-cathédrale et nous trouvons finalement un petit resto et un hôtel sans prétention à 60000 Ar la chambre.





Nous profitons de ce temps libre pour nous reposer des « massages africains » subis sur la piste chaotique. Demain sera une autre journée harassante sur la route de Lavanono.