Lavanono le Sud Sud

Je me suis lancé en juillet 2025 dans un road-trip sur les pistes côtières qui relient Tuléar à Fort Dauphin, un périple aventureux d’environ 850 km en 4/4 avec chauffeur qui a démarré à Anakao (voir la première étape ici).

Après avoir passé la nuit à Ampanihy, nous reprenons la route ce matin à destination de Lavanono.

La piste est un peu moins chaotique que la veille mais ça reste poussif. Nous mettons 2h pour faire 50 km et atteindre le fleuve Ménarandra au niveau du minuscule village de Ampotaka.

Heureusement que le fleuve est asséché à cette époque de l’année, nous pouvons le traverser et prendre la direction de Beloha à 45km de là que nous rejoignons 1h30 plus tard, puis plein sud il restera 35 km à parcourir en 1h30 pour atteindre Lavanono.

Sur la route de Lavanono, il y a la piste des tortues, il y en a partout et il faut faire gaffe de ne pas les écraser.

L’arrivée sur Lavanono est impressionnante. Nous arrivons sur les hauteurs de deux grandes falaises qui forment un immense canyon au milieu duquel une immense langue sablonneuse descend jusqu’à la mer. Lavanono (littéralement « longs seins ») tire son nom vraisemblablement de ce paysage absolument magnifique =) voir la video ici https://youtu.be/e06kGQ8pVDc

Nous pénétrons dans le canyon en empruntant une piste escarpée à flanc de falaise. Ici, la priorité est donnée aux charrettes à zébus.

Nous arrivons dans le village de Lavanono à 13h et prenons nos quartiers au lodge Chez Eveline.

Le village de Lavanono est posé dans un décor exceptionnel, un site naturellement préservé au plein cœur de l’Androy, le pays des épines. Le village est resté isolé pendant de nombreuses années, car son accès était très délicat, voire impossible. Une falaise abrupte l’isolait du reste de l’Androy et le seul accès était donc par la mer. Le chemin praticable à flanc de falaise que nous avons emprunté pour y accéder n’existe que depuis 1993

La population de ce village hors du temps est accueillante avec les rares visiteurs, vivant au rythme de la brousse. Les Antandroy vivent dans un système complexe de fady (interdits) auquel vient se mêler une part de mystique, comme souvent à Madagascar.

L’accueil Chez Eveline n’est pas terrible, le bungalow est dans un état lamentable, sans confort ni électricité, et il n’est pas possible de manger avant ce soir. D’ailleurs, nous ne trouverons aucun moyen de se restaurer dans le village, y compris Chez Gigi qui est fermé. Nous attendrons tranquillement le poulet entier qui nous sera servi ce soir à l’hôtel (il n’y a pas de poisson actuellement dans ce village de pêcheurs…).

Nous partons nous balader sur la magnifique plage de Lavanono qui a accueilli jadis une épreuve de coupe du monde de surf. En effet, les lagons de piscines naturelles d’Anakao et d’Itampolo cèdent la place ici aux vagues déferlantes de l’océan indien.

En revenant de l’immense plage de dunes, je passe devant le Lodge Chez Gigi et je fais la connaissance de Jean-Jacques (JJ pour les intimes) qui se trouve être le fameux Gigi, un personnage iconoclaste originaire d’Arcachon qui contribue au développement du village depuis plus de 25 ans.

JJ m’invite chaleureusement à boire une bière avec lui dans son havre de paix, un véritable petit paradis avec des vues incroyables sur l’océan. Son Lodge est en réfection à cause des cyclones de février-mars.

On passe un bon moment ensemble, comme je les aime, et il m’apprendra son histoire et ses précieuses contributions au développement du village de Lavanono.

Départ 8h ce matin, sans rien dans le ventre, pour la réserve spéciale de Cap Sainte Marie à la découverte de ses falaises, de sa végétation naine, de ses tortues et du point le plus au sud de Madagascar.

1h20 pour faire 40 km et atteindre l’entrée (45000 Ar + 20000 Ar le guide imposé). Il reste encore 6 km interminables pour atteindre la falaise. Sur la piste, il faut faire gaffe de ne pas écraser les tortues, il y en a de partout.

Le Parc National de Cap Sainte Marie abrite une réserve naturelle destinée à la protection des tortues radiata (tortue araignée), considérées comme sacrées par les populations locales. On n’en dénombre pas moins de 3000 au kilomètre carré.

Fidy nous dépose au bord de la falaise où nous commençons une jolie balade à pied le long du précipice jusqu’au phare et la statue de Sainte Marie, deux bonnes heures à subir un vent insupportable.

C’est dans le Parc National de Cap Sainte Marie que l’on a retrouvé les traces du célèbre et mythique oiseau éléphant appelé Vorombe en Malagasy. Des œufs entiers et des morceaux de coquille sont encore visibles dans les dunes de sable du coin. Au grand bonheur des scientifiques du monde entier qui n’ont pas tardé à s’y intéresser depuis des années. Ce spécimen rare, d’une hauteur de 3m et d’un poids de 500 kg, vivait exclusivement à Madagascar. Il aurait vécu au Cap Sainte Marie durant 60 millions d’années environ, avant de s’éteindre au 17è siècle.

A deux pas de la statue de Sainte Marie se trouve le point le plus au sud de Madagascar.

Fin de la visite au phare de Cap Sainte Marie qui nous gratifie d’une vue incroyable à 360°, à l’abri du vent…Et retour à l’accueil du parc vers 11h45. Nous prenons la direction de Faux Cap, à 45 km de là et 2h20 d’une piste scabreuse. En chemin, les tortues sont toujours en nombre et nous faisons gaffe de ne pas les écraser.

Faux Cap est un petit village de pêcheurs (de langoustes notamment) du bout du monde, longtemps considéré comme la pointe sud de Madagascar. Il est posé sur une magnifique plage bordant un lagon lumineux. Nous arrivons à 14h30 et finalement nous décidons de dormir ici (plutôt qu’à Tsiombe) à l’hôtel Faux Cap Plaisir (50000 Ar la chambre spartiate + 73000 Ar de repas boissons), un lieu qui semble laisser à l’abandon mais qui surplombe une plage magnifique. Le vent est toujours infernal !

Malgré le vent qui souffle très fort, nous allons faire le tour du village. Les constructions de bord de plage ont été ravagées par les deux cyclones de février-mars et semblent abandonnées. Du coup, il n’y a plus de restaurant dans le village.

Nous rentrons nous mettre au chaud à l’hôtel en fin d’après-midi. Nous sommes seuls au monde et notre hôte nous a fait le plaisir d’improviser un dîner de poisson et de poulet avec des boissons fraîches. Demain, la route sera plus cool pour rallier Fort Dauphin.

Ce matin, départ 8h pour avaler en une heure les 30 km qui nous séparent de Tsiombe, un gros bourg sur la Nationale 10 où nous achetons de l’eau et des biscuits.

La route est une longue ligne droite de piste rouge à l’infini.

Redémarrage de Tsiombe à 9h45 pour faire 65 km pour atteindre Ambovombe sur une piste scabreuse que l’on se tape en 2h45.

La nationale 10 n’a de nationale que le nom, c’est une horreur de conduite, parfois pire que les pistes de seconde zone, juste un peu plus large.

Nous atteignons Ambovombe à 12h30, ravis de retrouver une vraie ville depuis notre départ de Tuléar et surtout une vraie route, là c’est une belle surprise. En effet, la RN 13 vient d’être refaite à neuve de Ambovombe à Fort-Dauphin, c’est-à-dire les 110 km qui nous restent à parcourir ! C’est l’extase, fini les massages africains sur pistes scabreuses.

On y trouve également un restaurant digne de ce nom, le Thaliaka (47000 Ar nos repas), proche de la station-service où nous prenons 27 litres de gasoil pour 99000 Ar. Ambovombe est connu pour le « havoria » qui est une coutume ancienne où, après un décès, on garde le mort sans l’enterrer le plus longtemps possible.

On repart à 14h pour la réserve de Berenty, située à environ 20 km de Ambovombe. A l’entrée de la réserve une dame antipathique nous annonce 20€ de droit d’entrée par personne (nous sommes quatre) y compris les chauffeurs et guides et pour la voiture soit 100€ en tout. Je renonce à la petite randonnée de 3h dans la réserve, à la danse acrobatique des sifakas et au musée touristique de l’art et de la tradition populaire des « Antandroy » et nous filons directement sur Fort Dauphin. La route est effectivement goudronnée et en très bon état quasiment tout le long, et surtout très belle.

A partir de Berenty, les paysages de montagnes font leur apparition, les vertes rizières rayonnent, la forêt dense de tamariniers pointe son nez, la route est absolument magnifique et en plus nous avalons les 110 km en 2 heures, un record à Mada !

Nous arrivons à Fort Dauphin à 16h30 et nous entamons la tournée des hôtels. Les plus en vue sont complets. Il ne reste qu’une suite à 265000 Ar au kaleta mais l’endroit n’est pas accueillant. Finalement nous trouvons un bungalow super sympa au Nepenthes hôtel avec tout le confort et endroit charmant pour seulement 61000 Ar la nuitée. Je signe pour 7 nuits.