Trois jours à Kigali

Vingt-deux ans après le génocide rwandais, mon avion se pose en début de soirée sur la piste de l’aéroport de Kigali, une capitale africaine pas tout à fait comme les autres…

J’attrape un taxi et je file directement au Murugo Rwanda Hostel où je suis accueilli par une équipe fort sympathique.

Ce matin, après le p’tit déj et une petite palabre avec Muhdi, le responsable de l’hôtel, je vais comme à mon habitude me perdre dans les rondes collines de Kigali, à 1.400 mètres d’altitude. Toutes les routes ne sont pas bitumées mais je ressens une ville propre, calme et ordonnée. Les piétons traversent sur les passages cloutés quand il y en a, les motos-taxis ainsi que leurs passagers portent tous le casque, et les automobilistes mettent la ceinture. Ce que je n’ai jamais observé dans mes nombreuses escapades africaines.

Les gens que je croise sont adorables et semblent travailleurs et disciplinés. Au marché de Kimironko, que j’atteins en boda-boda bien sûr, je me retrouve immergé dans le cœur bouillonnant de Kigali. Comme dans tous les marchés africains, il y a de la vie, et j’aime m’y frotter. Alors je déambule avec délice dans les travées encombrées de fruits et légumes en inhalant les senteurs de mangues, d’ananas et de bananes. Je m’amuse à palabrer avec les vendeuses souriantes, visiblement ravies de négocier avec le « Muzungu« .

Les échoppes de tissus sont particulièrement attractives, dans un festival de couleurs et de motifs imprimés. Les couturières travaillent sur place devant vous avec une dextérité remarquable. Vous choisissez le textile et vous repartez avec une chemise 1 heure après !

Je ne pouvais pas faire l’impasse sur le mémorial du Génocide rwandais de Gisozi. Un génocide qui a produit près d’1 million de victimes en seulement 4 mois de cette douloureuse année 1994.

En préambule, un documentaire poignant de vérité est proposé aux visiteurs. D’entrée de jeu, ça calme ! Le cœur serré, je déambule de salle en salle, les yeux rivés sur les murs tapissés de photos aussi émouvantes que dérangeantes. Comment des hommes et des femmes, qui vivent ensemble dans le même village, qui sont parfois voisins de longue date, peuvent s’entretuer dans une telle barbarie ? Comment imaginer qu’une seule personne, mal intentionnée, peut instiller à petites gouttes les germes du mal dans une population entière ? Le débat est ouvert…

Et que dire du rôle plus qu’ambigu du gouvernement français de l’époque dans cette affaire ?

Une colline de Kigali, depuis le jardin du Mémorial

Un peu plus tard, je me retrouve au Guru Park, au sommet du Mont Rebero, une des « mille collines » de Kigali. La vue est splendide, et surtout c’est une nouvelle occasion de faire de belles rencontres.

Deux jours plus tard, je me rends dans la matinée à la gare routière de Nyabugogo afin d’attraper un bus pour Gisenyi (Rubavu) et le Lac Kivu. Avant de partir, je remercie chaleureusement l’équipe du Murugo Rwanda Hostel, avec une mention spéciale pour Muhdi.

Le minibus démarre dès qu’il est plein, sort des faubourgs de Kigali assez rapidement, et emprunte une jolie route qui file vers le Nord, à travers la campagne rwandaise. Les collines se succèdent à l’infini, couvertes de plantations de café, de thé, de bananes, sorgho, pommes de terre et autres haricots rouges. Je ressens toute la poésie de ce pays dans cette douce mosaïque de formes et de couleurs.

2 heures plus tard, le van marque un stop à Musanze (anciennement Ruhengeri), une petite bourgade très animée où la moitié des passagers descend, avec vue directe sur les volcans de la chaîne des Virunga. De Musanze à Rubavu (1 heure de route), les magnifiques collines vertes, cultivées en terrasses potagères s’effacent peu à peu, et la route monte en lacets pour gravir quelques montagnes.

La descente vers le Lac Kivu est spectaculaire. Là-bas, son miroir irradie la végétation luxuriante imbibée de soleil, les villages dorés et la population sur le bord de la route =) voir l’article.