La Montagne des Français de Diego Suarez

Atterrissage sous une chaleur accablante, passage de la douane rapide et je saute dans un taxi en direction du nord de la ville où j’ai réservé une chambre au Kartiffa, mon hôtel préféré sur Diégo, niché au bord de l’eau avec des points de vue incroyables sur la célèbre baie.

9 km et 20 minutes plus tard, je retrouve la joyeuse équipe de l’hôtel, toujours aussi rieuse et conviviale. Le Kartiffa est mon hôtel fétiche sur Diégo, pour sa vue magnifique sur la baie, pour son cadre verdoyant à deux pas du centre ville, pour le prix mini (72000 Ar la nuitée) de ses chambres confortables et surtout pour l’ambiance familiale qui y règne.

Posé sur la terrasse de ma chambre (n°21), je ne me lasse pas d’admirer l’océan étincelant, encerclé par les promontoires rocheux de la fabuleuse baie de Diego Suarez.

Après la douche, je file à l’office de tourisme, rue Flacourt (angle rue Colbert), pour faire le point sur mon programme, et à l’agence de voyage du Kartiffa pour vérifier les prix.

En longeant le bord de mer, par la rue Richelieu, je suis encore saisi par les ruines de l’Hôtel de la Marine, qui se dégradent au fil du temps. Ce vestige de l’architecture coloniale française conserve à mes yeux une certaine élégance, même si l’édifice est laissé complètement à l’abandon, en proie à la végétation et aux décharges sauvages.

Un peu plus loin, je m’arrête deux minutes au petit rond point de la rue Joffre, où trône la statut du Maréchal, qui offre un joli point de vue sur le port de Diego, le second de Madagascar après celui de Tamatave. Aujourd’hui, un énorme cargo déverse ses containers dans un joyeux bordel.

Je poursuis mon city-trip entre la rue Colbert et la place Kabary où s’enchevêtrent des édifices délabrés qui ne résistent plus au temps qui passe, et des façades colorées d’hôtels et de restaurants qui donnent un peu de vie à la ville endormie.

Antsiranana, Diego pour les intimes, est une bourgade enclavée dans une zone montagneuse volcanique ne recevant en moyenne que 1000 mm de pluie par an. Le Mont Tsaranana culmine à 2 876 m et la montagne d’Ambre à 1 500 m. La ville est nichée au cœur de la probable plus belle baie du monde avec ses 156 km de côtes, après celle de Rio de Janeiro.

Terre et mer se croisent dans la région de Diego pour former des paysages uniques en leur genre. Parmi ces pépites de la nature, je vais découvrir jour après jour : le Pain de Sucre (Nosy Lonjo) de la baie des Français, le fabuleux lagon de la Mer d’émeraude, la Montagne des Français et la Vallée des Perroquets, les plages immaculées des trois baies : des Dunes, des Pigeons et de Sakalava, et les Tsingy Rouges.

Pour l’heure, je me lance à l’assaut de la Montagne des Français et de la Vallée des Perroquets pour une randonnée formidable.

A une dizaine de km du centre-ville, sur la route de Ramena, un panneau sur la droite indique le parking et l’entrée officielle du parc de la Montagne des Français, juste à côté du King’s lodge. J’y suis allé en tuk-tuk pour 15000 Ar.

J’ai choisi de faire le plus gros parcours, celui qui inclut l’ascension de la Montagne des Français + la Vallée des Perroquets (droit d’entrée = 40000 Ar pour les non-résidents, 6000 Ar pour les autres, + 40000 Ar négocié à l’arrache pour le guide. Cet itinéraire traverse d’Ouest en Est successivement la Montagne des Français, une grosse zone de Tsingy et la vallée des Perroquets jusqu’au Jungle Park.

La première partie de la randonnée emprunte le chemin de croix qui monte en direction des parois et se termine par un immense escalier de plus de 600 marches qui transperce par endroit la montagne rocheuse et qui aboutit au sommet de la Montagne des Français où nous attend un balcon panoramique surplombant la baie de Diego et son célèbre Pain de Sucre. Compter 1h30 de montée, arrêts et pauses photos incluses.

L’ascension finale de la Montagne des Français se fait par un escalier aussi spectaculaire qu’interminable avec ses 626 marches parait-il (je n’ai pas compté !). A certains endroits, il transperce carrément la roche !

La récompense est au bout du tunnel 😀

La deuxième partie du parcours est la plus palpitante. Au lieu de revenir sur nos pas, nous redescendons la montagne de l’autre côté pour rejoindre la Vallée des Perroquets. Mais entre les deux, il faut traverser une grosse zone de tsingys, et c’est ça qui fait toute la différence.

Nous passons devant la maison du commandant dont il ne reste rien, puis nous empruntons le sentier qui part à droite vers l’aventure. Nous descendons progressivement dans la zone des Tsingys où la jungle devient plus dense. Notre progression devient plus lente sur les parois coupantes qui demandent une vigilance accrue.

Les passages deviennent de plus en plus étroits avant de nous retrouver dans les entrailles de la roche karstique. Quelques mètres plus bas, un couloir de Tsingys ouvre un passage à la Indiana Jones dans lequel nous nous engouffrons. Soudain, nous marchons sur une énorme racine qui se débat dans un environnement hostile. Nous levons les yeux au ciel, et là, devant nous se dresse le tronc d’un incroyable baobab qui émerge là-haut, au-dessus des tsingys. Le seigneur des Tsingys nous toise à quelques 30m du sol. Ce spectacle est juste hallucinant !..

La suite est tout aussi magique, avec d’autres couloirs, passages souterrains et même une grotte à explorer. Au bout d’une heure de descente périlleuse, on déboule dans la vallée des Perroquets, au pied d’une série de parois équipées pour faire de la varape. Nous changeons de décor : savane, zébus, herbe haute, forêt de baobabs.

Si les perroquets ne sont pas vraiment là, la traversée de la vallée est assez magique. Les baobabs, la végétation luxuriante et l’ambiance tropicale sont au rendez-vous, y compris un gros serpent en ondulation. Le sentier d’abord à découvert s’enfonce ensuite dans la forêt pour ressortir par endroit.

Après les pépinières, on rencontre de beaux lémuriens gris clair sur des manguiers, avant d’atteindre finalement Jungle Park puis Jungle Lodge, un endroit atypique perdu dans la brousse et qui vaut le détour pour se rafraichir et se plonger l’espace d’un instant au pays des merveilles. De là, on voit la mer mais elle est encore loin !.

On fait une grande pause au lodge où on avale quand même quelques crêpes et un coca glacé. Ça fait presque 4 heures que l’on marche et on en a un peu marre, alors on demande au personnel du lodge de nous trouver un tuk-tuk ou une moto pour rallier les 6 km qu’il nous reste pour retrouver la route en bitume.

On a de la chance, le seul tuk du village d’à côté est disponible et je finis par négocier le retour direct à notre hôtel de Diégo pour 50000 Ar.

Bien m’en a pris ! On a mis 20 bonnes minutes en tuk sur une piste de terre rouge et de sable, à travers des vallons accidentés, pour rejoindre le macadam. On aurait mis au moins une bonne heure de marche à pied ! La Vallée des Perroquets est une randonnée majeure à deux pas du centre-ville. Après-demain, je vais découvrir les plages immaculées des Trois Baies =) voir mon article sur le sujet.