Après notre fantastique road-trip sur les routes vertigineuses du Nord-Vietnam et notre bucolique croisière sur les mythiques baies de Halong et Lan Ha, nous passons quelques jours avec ma fille en dilettante dans la charmante cité de Hanoï.

En cette fin de mois d’octobre, il fait bon à Hanoï dès les premières lueurs de l’aube. Nous prenons le temps de nous faire peu à peu à l’agitation, au bruit, aux trottoirs encombrés de la capitale vietnamienne.








Nous tentons de gratter la surface pour décoder ce bordel ambiant. Les rues étroites du centre-ville sont envahies par les scooters, devenus le moyen de transport de prédilection des vietnamiens, en lieu et place des vélos désormais désuets. La vie s’y passe, de l’aube au crépuscule, on y déjeune, on y fait commerce, on y joue, on y élève les enfants…Y flâner sans s’y perdre est un défi !

Nous y déambulons avec difficulté tant les piétons sont chassés des trottoirs par les vendeurs ambulants omniprésents et les scooters zigzagant entre les passants distraits. La route ne leur suffit plus !

Le poumon de la ville reste le lac Hoàn Kiêm (lac de l’épée restituée) qui est également le point de départ idéal pour découvrir la ville sous son meilleur jour.



Malheureusement Cu Rua, la légendaire tortue géante, multi-centenaire, ne hante plus les eaux boueuses du lac. Elle est morte en janvier 2016, emportant avec elle l’une des légendes du Vieil Hanoï.


En fin d’après-midi, nous allons nous détendre au Théâtre des Marionnettes sur l’eau de Thang Long. Les poupées en bois sculptées et les dragons colorés y donnent vie aux légendes locales. Cet art vietnamien millénaire est une expérience culturelle intéressante. La scène ressemble à un étang. Les marionnettistes sont enfoncés dans l’eau jusqu’à la taille et cachés par un écran. De là, ils manipulent les marionnettes à l’aide d’une longue canne immergée.


Après ce sympathique spectacle, une terrasse en altitude s’imposait pour boire un verre et contempler l’endormissement du quartier de Hoan Kiem.




Et puis nous nous lançons dans une petite promenade nocturne pour voir Hanoi sous un autre jour et dénicher le restaurant qui sert les meilleurs « Banh Cuon » de la ville.




Un peu plus tard dans la nuit, les gargottes ont rangé leurs petits tabourets en plastique, les magasins ont tiré le rideau, les derniers fêtards s’engouffrent dans les taxis, les mobilettes cessent peu à peu de tourner autour du lac Hoan Kiem, les klaxons se taisent, alors Hanoi glisse tout doucement dans un engourdissement paisible.



C’est le bon moment pour découvrir Hanoi, une heure parfaite pour entrer dans l’intimité de la capitale. On a l’impression de la posséder, qu’elle a perdu toute pudeur et qu’elle se livre sans fard, à la seule lumière des rayons pâles et incertains de la lune et des quelques lampadaires, distillant une ambiance de mystère et de magie. Hanoi rien que pour soi. Imaginez le plaisir, le privilège quand on connait son extrême effervescence en journée !!!

Il fait toujours aussi bon aux premières lueurs du jour. Immersion dans le quartier ancestral et labyrinthique des « 36 Rues », le bastion historique des marchands corporatistes. Le quartier compte plus d’une centaine de rues, mais le chiffre 36 est resté, comme un porte-bonheur. Ce dédale regorge de commerces, bars, cafés, restaurants gourmets, boutiques-hôtels, concept stores parfois entassés en étages, enfouis dans les entrailles des maisons-tubes et autres bâtisses, toutes bondées.




La rue Ly Quoc Su, commerçante et bondée de magasins en tous genres et d’hôtels pas chers pour les routards, abrite la pagode du même nom, érigée en 1131 afin d’honorer Nguyen Minh Khong, un moine bouddhiste célèbre sous la dynastie des Ly. C’est dans la même rue que nous avons mangé un excellent Bun cha et des nems savoureux. Tout proche d’ailleurs du restaurant de la veille au soir qui nous servi nos fameux Banh Cuon.




En début d’après-midi, depuis le Mausolée d’Ho Chi Minh, nous marchons en dilettante en direction du lac Truc Bach et de la pagode Tran Quoc, en passant devant le palais présidentiel.










Nous contournons le lac en prenant la direction du pont Long Bien. Cet édifice de fer, appelé anciennement pont Paul-Doumer, qui enjambe le fleuve rouge, a été conçu par Gustave Eiffel et construit pendant l’occupation française en Indochine. Il fut l’un des plus longs ponts en Indochine (1680m). Il est utilisé aujourd’hui par les deux-roues, les piétons et le train. Il parait que le train passe deux fois par jour, mais rares sont ceux qui le voient !




Sans trafic régulier, le chemin ferré se transforme en promenade agréable du pont jusqu’au vieux quartier d’Hanoï.


La vie de village suit son cours au bord des rails. Les paliers de porte des maisons se présentent dangereusement au bord de la voie ferrée. Pourtant, on y cuisine, on y fait sa lessive et le linge sèche sur des fils tirés au-dessus de la voie. Cette dernière est si proche que les locomotives effleurent pratiquement les piétons et les enfants qui jouent dans la rue. Les locaux savent exactement à quel moment le train approche. Ils libèrent alors la voie ferrée et se la réapproprie juste après le passage du train. Pour eux, c’est la routine !




En s’écartant du centre-ville, on découvre un autre visage d’Hanoï plus calme et plus attaché aux traditions. Le Temple de la littérature fut construit en 1070, à l’initiative de l’empereur Ly Tong, pour vénérer Confucius. Il servit au départ de centre intellectuel et spirituel réservé à la famille royale et aux grands mandarins.


Puis, peu à peu, l’école devint accessible au peuple tout entier, même si le droit d’entrée passait nécessairement par la réussite à un examen difficile, fondé sur le talent, les compétences et l’engagement loyal envers le pouvoir impérial. Aujourd’hui encore, ce joli temple, propice à un moment tranquille loin du tumulte, est considéré comme la première université du Vietnam.




En fin d’après-midi, je ne résiste pas au plaisir d’aller boire un verre au Bamboo Bar de l’Hôtel Metropole, pour le plus grand plaisir de Camille. Un lieu « chargé » du passé colonial de Hanoï et du Vietnam.


Parfois bruyante et surpeuplée, parfois propice à la zénitude, captive des eaux avec ses îlots de verdure, ses nombreux lacs envahis de lotus, ses boulevards plantés de tamariniers et de flamboyants qui jettent une ombre apaisante sur les façades des anciens édifices coloniaux, Hanoï diffuse un charme subtil, secret et profondément envoûtant. Nous avons adoré !