Ce matin, je roule sur la route nationale 34, bordée de palmiers à huile à perte de vue, jusqu’au pont de Tarcoles (96 km en 1h30 depuis Quepos). En contrebas, une armée de crocodiles se prélassent au bord de la rivière.



Le temps de prendre quelques photos, et je reprends la route jusqu’au péage, 11 km plus loin, qui marque la jonction entre la 34 et la 27 (prolongée par la 23) que j’emprunte sur 30 km jusqu’à l’interamericana 1. Jusque-là, les paysages sont typiques de ces routes tropicales qui traversent des petits villages brinquebalants. Et sur certains tronçons j’aperçois des plages sauvages de sable noir de l’océan pacifique : c’est super sympa !

Les 20 premiers km de la montée sur Monteverde se font rapidement sur une belle route goudronnée. Mais la suite est moins réjouissante ! Une piste rocailleuse difficile, qui serpente dans la montagne, met à rude épreuve les amortisseurs du Suzuki Jimmy. Les paysages, en revanche, sont magnifiques : des vertes montagnes en forme de mamelons s’étendent à perte de vue.

Au bout d’1h20 de montée, j’arrive finalement à Santa Elena vers 13h, après avoir été bloqué sur la route plus d’une heure à cause de travaux de voirie. Je prends possession de mon bungalow au Jaguarundi Lodge, au milieu de la jungle et à deux pas du centre-ville.

Entièrement dédié au tourisme, comme Quepos, le village de Santa Elena n’a rien de bien charmant, mais il a le mérite de proposer toutes les commodités pour un séjour facile. De nombreuses agences proposent du tubbing (descente de rivière sur une bouée), rafting, canopy tour (accrobranche et tyroliennes) et autres activités du genre.




Ce matin, je vais vivre la fabuleuse expérience de la Cloud Forest de Monteverde. Déjà, l’arrivée sur le site est une aventure en soi car la route de 5 km depuis le centre de Santa Elena est pourrie. En plus, la forêt tropicale est prise dans une tempête de vent à décorner les buffles, et il pleut des cordes, de quoi rendre la piste boueuse à souhait. D’ailleurs, les bagnoles sont bloquées à un km de l’entrée pour cause de route éventrée. Il me faut donc me taper ce km à pied, dans la gadoue jusqu’aux chevilles. Le décor est dressé, Monteverde c’est rock n’roll !

Pour autant, à 7h30, je m’acquitte du droit d’entrée (20$us), et je vais me perdre, sans guide, dans cette épaisse forêt, au hasard des nombreux sentiers balisés du Parc. La Forêt dans les Nuages de Monteverde est une immense jungle tropicale, perchée à plus de 1500 mètres d’altitude (d’où son nom), d’une biodiversité remarquable.


J’assiste à une véritable explosion de couleurs, d’odeurs et de bruits bizarres dans une jungle hyper dense. Je ne vois plus le ciel. Du sol jusqu’aux cimes, les végétaux poussent les uns sur les autres, les arbres immenses se laissent envahir par les plantes parasites, les lianes s’entremêlent à tout ce qu’elles rencontrent et les ceibas transpercent les nuages. Les sentiers sont si étroits que je me sens enveloppé par la forêt et prisonnier de ces fougères arborescentes géantes.

La brume s’est emparée des lieux, il pleut toujours par rafales, tout est détrempé, l’humidité est maximale et la magie opère dans une ambiance mystique. En plus, j’étais tout seul dans cette forêt de Brocéliande, je ne croisais personne sur le chemin.



J’ai arpenté pendant 4 heures les senderos de la Réserve Biologique de la Forêt de Nuages de Monteverde, sur un parcours d’environ 12 km. Et je n’ai pas rencontré le moindre animal ! Ni singes hurleurs, ni araignées, ni capucins, ni coatis, ni agoutis, ni batraciens, ni ocelots… Je les ai juste entendus. Et encore moins le Quetzal, cet oiseau très coloré et très rare que tous les visiteurs viennent chercher ici. Cet oiseau, érigé au rang de divinité par les mayas, résonne encore aujourd’hui comme un symbole en Amérique centrale. Le Guatemala en a même fait sa monnaie !







Compte tenu du temps particulièrement merdique et de l’état calamiteux du chemin d’accès au Parc de Selvatura, qui monte dans la forêt sur 6 km vers le nord, j’ai renoncé à faire les ponts suspendus et le Canopy Tour de Monteverde. Du coup, j’ai fui Monteverde pour des cieux plus cléments en direction de El Castillo Fortuna et de son célèbre Volcan Arenal.



Je me suis lancé sur la 606, une piste difficile, très caillouteuse et pleine de trous, sur 38 km de galère jusqu’à Tilaran (en 1h20), une petite ville qui surplombe le lac Arenal. En revanche, les paysages sont magnifiques, des montées, des descentes, de verts pâturages sur un plateau bosselé, style l’Aubrac, avec de nombreuses vaches. Quel contraste avec la forêt dense de Monteverde !


A Tilaran, j’aperçois le volcan majestueux, de l’autre côté du Lac Arenal. La route épouse le contour du lac jusqu’à El Castillo Fortuna (68 km en 1h30). Les paysages sont somptueux et m’incitent à de nombreux arrêts photos. Sur les 10 derniers km de piste de terre qui me conduisent à l’hôtel Essence Arenal, je croise une famille entière de ratons-laveurs en train de traverser la route en file indienne !





L’hôtel héberge un locataire pas tout à fait comme les autres…qui va et qui vient au gré de ses envies !

Et puis surtout, il offre une vue plongeante sur le lac et le Volcan Arenal


Renseignements pris à l’hôtel, il s’avère qu’il existe trois façons de faire le Parc du Volcan, ou plutôt trois entrées différentes. Celle du Parc National du Volcan, celle du Resort Arenal Observatory Lodge et celle de Arenal 68. Elles sont à environ 1 km l’une de l’autre. Sur les conseils du réceptionniste, j’opte pour la dernière, Arenal 68 qui se trouve à 8 km de l’hôtel.

C’est la première entrée quand on arrive de La Fortuna, sur la piste de El Castillo. Le prix de 12$us est raisonnable compte tenu du trail sympa proposé sur des sentiers correctement balisés et bien entretenus. Au départ, le mirador proche de la réception, procure une vue exceptionnelle sur le volcan Arenal, mais aussi sur le lac. En plus, j’ai de la chance, il fait un temps splendide, le ciel est dégagé, et le sommet du volcan n’est plus caché derrière les gros nuages blancs.





Pour la petite histoire, la dernière grosse éruption de l’Arenal date de 1968, détruisant tout sur son passage. Mais depuis, le volcan toujours actif produit de menaçantes fumerolles et des projections de roches en fusion presque tous les jours, offrant occasionnellement un spectacle fabuleux de lave et de roches incandescentes. Le Costa Rica compte 116 volcans dont 5 encore actifs. L’Arenal n’a pas été en éruption depuis 2010. Le bel endormi me confère une belle balade dans un paysage absolument splendide.


Je me suis contenté du petit tour de 4 km « Trail Lava Flow 1968 » qui concentre tout ce qu’il y a d’intéressant à voir dans ce lieu magnifique, le tout en 1h40 en prenant mon temps.




Les sentiers traversent des éco-systèmes contrastés, une jungle luxuriante, un désert de lave, une plantation de canne à sucre, et de la roche volcanique de partout, où la nature reprend ses droits. Une petite sensation particulière lorsque j’ai traversé la coulée de lave de 1968, année de ma naissance !



Par ailleurs, la magie du Volcan ne s’arrête pas à sa majestueuse silhouette. En effet, sa tectonique génère en permanence des sources d’eau chaudes, les fameuses Hot Springs. Elles sont quasiment toutes exploitées par les gros resorts de La Fortuna, et payantes bien sûr : c’est le gros business du coin.

Je suis allé faire un tour aux hot springs du Springs Resort & Spa, plus de 20 bassins d’eaux chaudes provenant du volcan, disséminés dans un parc absolument magnifique. Certains sont perdus dans la nature dans un décor de jungle. L’entrée Hot Springs est de 15$us/p, ou un pack avec lunch ou dinner à 28$us.



En plus, le parc est investi par des iguanes monstrueux et super photogéniques !



Sur le bord de la 142, quasi en face du Resort Tabicon, des hot springs publiques sont accessibles et gratuites mais pas très glamour. On peut cependant s’y baigner dans une eau super chaude !

Deux jours plus tard, je reprends la route pour une nouvelle aventure dans la jungle, au Parc National du Volcan Tenorio, via La Fortuna, El Tanque sur la 142 et San Rafael Gatuso sur la 4. Paysages champêtres, forêts secondaires et champs d’ananas défilent sur un parcours tranquille de 97 km depuis El Castillo Fortuna (2h de trajet jusqu’à l’entrée du parc). De Katira sur la 4, une piste rocailleuse de 12 km, assez difficile (4/4 obligatoire) part à gauche dans la pampa pour atteindre l’entrée du Parc National (20 minutes). Petits massages africains assurés…

Après avoir acquitté le droit d’entrée (12 $us), me voilà parti pour une randonnée de 6 km A/R dans une magnifique forêt primaire, en quête d’une rivière et d’une cascade célestes qui viennent transpercer le rideau vert luxuriant de leur sillon bleu turquoise.



Mais la pluie s’est emparée du lieu depuis deux jours. En conséquence, le sentier est un véritable torrent de boue qui rend les montées et les descentes assez périlleuses.

Le premier stop s’effectue à la fameuse cascade de 30 mètres de haut et 17 mètres de profondeur tout de même ! Il faut descendre un escalier assez raide pour l’atteindre.





Le bleu turquoise attendu s’est transformé en vert rubis. Ce qui n’enlève rien à la beauté du site, qui revêt quelque chose de mystique…500 mètres plus haut, toujours dans la gadoue, j’atteins le mirador offrant un beau panoramique sur l’immensité de la forêt.

Le volcan Tenorio culmine à 1912 m, mais il n’a pas la belle silhouette conique de son cousin Arenal, donc il est très difficile de le voir de loin.

Peu après, je rejoins la « Laguna Azul », qui est en fait un tronçon élargi de la rivière céleste. L’endroit est d’une sublime poésie.




Je poursuis le sentier jusqu’à l’endroit qui nous révèle le secret de cette eau turquoise. L’eau change de couleur sous mes yeux : elle passe d´une couleur de rivière normale à une couleur bleue intense !


Il s’agit en fait d’une réaction chimique entre le carbonate de calcium et le soufre s´échappant des entrailles du volcan Tenorio. En réalité, deux rivières se partagent les eaux, le río Buenavista et la Quebrada Agria. Tout à fait étonnant à voir la magie de la Nature, une fois encore.



Le retour au parking se fait par le même chemin, toujours dans la gadoue… Je reprends la piste jusqu’au petit village de Bijagua (8km en 20 minutes). A la sortie de la piste caillouteuse, je retrouve une route bitumée que je prends à gauche pour atteindre le centre de Bijagua, tout proche.


Je m’arrête pour casser la croûte dans une paneria. A la sortie sud de ce petit village, je rejoins mon petit hôtel Cabinas las nubes légèrement excentré dans la forêt. Super accueil de Luis Fernando. L’endroit est très simple mais tout confort. Deux grands lits dans la chambre, eau chaude et wifi.
