Alter do Chao et ses plages de sable blanc

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Au cœur de la forêt amazonienne, Santarem est une ville étape agréable et le point de départ pour le village impensable de Alter do Chao, son décor “caraïbes d’eau douce” et ses plages de sable blanc, uniques en Amazonie. Nous attrapons un taxi dans la rue et négocions le trajet d’environ 35 km jusqu’à la promenade côtière de ce village insolite, pour le moins.

30 minutes plus tard, nous arrivons à destination. Nous n’avons rien réservé et galérons un peu avant de tomber sur La pousada Belas Praias, qui dispose d’une seule chambre disponible. Nous la prenons sans sourciller et cela d’autant plus qu’elle est spacieuse et propre.

Nous apprendrons plus tard que les familles de Santarem sont actuellement en vacances dans leur  station balnéaire préférée, ce qui justifie que tous les hôtels des alentours sont full. Nous avons de la chance et cela d’autant plus que la Pousada donne directement sur la promenade côtière, au bord du fleuve Tapajos et du Lago Verde, en nous gratifiant d’une vue imprenable sur Ilha do Amor, le joyau du coin. Même si la langue de sable blanc la reliant au village est engloutie par les eaux !

En effet, à cette époque de l’année (fin juillet), la saison humide n’étant pas complètement terminée, le fleuve Tapajos n’a pas encore décru et le niveau de l’eau est à son plus haut. En fait, la langue de sable blanc n’est visible et accessible qu’à la saison sèche, de fin août à début mars. Il faudra donc prendre un petit bateau pour atteindre en 10 minutes la belle plage de l’île de l’Amour. Et nous ne verrons donc pas les paysages qui apparaissent sur les 4 photos qui suivent :

Après une première découverte rapide du village, il est petit donc on en fait vite le tour, nous embarquons à bord d’une lancha rapide pour traverser le bras de fleuve, en longeant les paillotes sur pilotis dont on ne distingue que les toits de palmes à la surface de l’eau. Un truc de ouf !

5 minutes après, nous accostons sur la plage principale de l’île qui correspond en fait à la partie non immergée de la langue de sable qui part de l’autre rive.

Les gargotes vous servent le piracaia, plat traditionnel de poissons grillés, que les locaux dégustent, sous leurs parasols, assis sur des chaises en plastique plantées dans le sable et dans l’eau.  Ce spectacle est juste incroyable !

A partir de la plage, nous décidons avec Isa de faire le trail du pico da Piroca que nous atteignons en 20 minutes jusqu’à la grande croix de fer.

Sur la fin, ça monte pas mal et de là-haut nous jouissons d’une vue splendide qui nous donne un bel aperçu de la langue de sable immergée que l’on devine à la surface de l’eau.

Puis nous retournons à Alter do Chao en lancha pour tester une autre plage dans le village et boire un verre. Là encore des images surprenantes se déroulent devant nos yeux ébahis : les locaux sont attablés les pieds dans l’eau tandis que des carbets remplis de hamacs sont pris d’assaut sur la plage immergée. C’est l’hallu !

Sous cette chaleur accablante, nous apprécions particulièrement la baignade dans le fleuve et la douceur de l’eau. Il parait qu’elle a des vertus thérapeutiques ! En tous cas, on ressort du bain avec une peau de bébé 🙂

La région de Santarem fut le berceau d’une civilisation très avancée, celle des Tapajos, bien avant les Incas et les Mayas. Alter do Chao est le point de départ des excursions dans la Floresta Nacional do Tapajos au plus près des communautés indiennes Maguari et Jamaraqua. Ces dernières reçoivent les voyageurs et organisent toutes sortes de sorties en forêt.

La Floresta Nacional do Tapajos est un véritable sanctuaire d’animaux et de plantes endémiques. Depuis Alter do Chao, nous prenons une lancha rapide pour passer la journée dans le village de Maguari, à 1h30 de navigation agréable le long des berges du Rio Tapajos.

Maguari est un petit centre de production artisanale de latex et d’huiles essentielles. La communauté indigène, composée d’une cinquantaine de personnes appartenant à la même famille, s’est ouverte à l’écotourisme très récemment.

Pour survivre dans cette région reculée du Monde, le chef du village et sa femme proposent aux touristes en quête d’aventures des treks dans la forêt et des balades en pirogue sur le Rio Tapajos. Le lieu est idéal pour découvrir une faune et une flore exceptionnelles, de « chasser » les caïmans de nuit, de dormir dans un hamac à la belle étoile, ou encore de pêcher les piranhas. Peut-être vous parlerai-je un jour de la liane magique de l’Ayahuasca

Par ailleurs, le bassin amazonien, qui renferme 1/5e des réserves d’eau douce de la planète, suscite les convoitises du monde entier. Ce qui a poussé l’état brésilien à parier sur la haute technologie et des programmes pharaoniques pour protéger sa forêt tropicale contre les activités illégales, telles que les coupes illicites de bois, les feux de forêts et le trafic de drogues. De la sorte, il tente de fédérer les communautés natives autour d’un projet commun de préservation durable de la forêt.

Dans ce cadre, les « Invisibles« , ces indiens clandestins qui vivent exclusivement de la pêche, de la cueillette et de coupes illicites de bois précieux, sont recensés et formés pour devenir de véritables citoyens brésiliens. L’Etat leur concède des permis de résidence, régularisent leurs terres et leur permet d’exploiter une parcelle de la forêt sans payer de loyer. En contrepartie, les indiens natifs s’engagent à protéger l’environnement et à respecter la loi fédérale. Résultat, les taux de déforestation ont été divisés par deux depuis 2004, ce qui est encourageant, même si tout reste à faire. Affaire à suivre…

Après le passage obligé à la petite boutique d’artisanat, nous signons le cahier des visiteurs et nous partons faire le trekking de 4 heures à la recherche des arbres géants de la forêt primaire, en compagnie d’un guide natif de la communauté Maguari.

A mesure que la jungle se referme derrière nous, la végétation se densifie, arbres et lianes s’entremêlent et tissent un cocon végétal qui nous emprisonne. Nous sommes escortés par les orpheus, ces énormes papillons bleu électrique qui nous frôlent de leurs ailes légères, tandis que les énormes fourmis rouges nous gratifient de morsures cuisantes, et que les cigales construisent des petites tours de Babel en terre jaune safran sortant du sol comme un cigare creux.

Au bout de deux heures de marche, nous atteignons l’arbre sacré du coin, un Samauma immense avec un tronc gigantesque. Il mesurerait 80 mètres de hauteur et aurait près de 800 ans. Il faudrait 24 personnes qui se tiennent la main pour en faire le tour. On le surnomme ici le grand père, Il est terriblement impressionnant et nous impose une grande humilité. C’est l’âme de la forêt qui circule le long de ses rides, sur lesquelles je pose mes mains religieusement pour tenter de capter son énergie.

Délicieusement intrigante, mystérieusement attirante, l’Amazonie résonne comme un son mystique qui ricoche dans mon imaginaire.