Sur la route des mogotes et du cigare

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Nous partons de La Havane ce matin pour la belle région de Viñales et Pinar Del Rio. Erich, notre chauffeur-guide, se pointe tout sourire dans sa 205 verte et rutilante dont il est visiblement très fier. Mais à peine partis, un bruit suspect au niveau de la roue avant droite nous incite déjà à immobiliser la bagnole chez son mécano. On repart finalement vers 11h pour un périple d’environ 180 km jusqu’à Viñales.

En chemin, stop obligatoire pour goûter au délicieux Guarapera, du pur jus de canne fabriqué sur place.

Vers Soroa, nous faisons une petite halte dans un sympathique parc d’orchidées.

Nous poursuivons vers San Diego Los Banos et la cueva de Los portales (chère au Che), que l’on atteint après avoir franchi deux belles tours moyenâgeuses et traversé le parc de Guari.

Une heure plus tard, nous traversons le village Republica del Chile sur une route un peu défoncée qui nous gratifie de paysages somptueux sur les mogotes, ces fameux pitons rocheux en forme de pain de sucre, qui font la réputation de la région.

L’arrivée sur les hauteurs de Viñales est saisissante au moment où nous apercevons la vallée bosselée et son paysage de mogotes.

La Vallée de Viñales, classée au Patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1999, est célèbre pour ses cultures de café et de tabac notamment.

Viñales est une petite bourgade où de nombreuses habitations se sont reconverties en casa.

J’ai choisi de séjourner à la casa Villa el Habano, chez Yurray et Vallia, un petit couple adorable qui parle très bien français. En plus, Vallia s’avèrera une excellente cuisinière avec sa délicieuse recette à la langouste.

La maison est dotée de grandes chambres et d’une grande terrasse colorée sur les toits avec une très jolie vue sur les mogotes.

Le jour se lève sur un paysage onirique. Les mogotes émergent lentement des brumes, touchés par les premiers rayons du soleil. Nul ne sait vraiment d’où vient ce mot bizarre qui désigne les pitons rocheux de ce haut plateau calcaire, truffés de cavernes préhistoriques. On pourrait se croire en Thaïlande, aux Philippines ou au Vietnam.

De la Casa, je marche sur un chemin de terre, sans itinéraire précis, dans le seul but d’atteindre le pied d’un gros mogote. Au passage, je croise des guarijos à la peau burinée et coiffés de leur traditionnel chapeau de paille. Tantôt ils manœuvrent une charrue tirée par des bœufs, tantôt ils cultivent les champs. Ou alors ils sont à cheval.

Un peu plus tard, en face du Campismo Dos Hermanas, je tombe sur le fameux mur de la préhistoire et de sa fresque géante (peinte dans les années 60 par 18 artistes).

Je suis un peu agacé par le droit d’entrée de 3 CUC pour un site pas vraiment digne d’intérêt. Ce n’est pas pour ce que ça coûte mais pour le principe. Cette pratique est courante à Cuba : faire payer le touriste pour tout et n’importe quoi. La plupart des visiteurs à Viñales se croient obligés de prendre un guide pour effectuer des randonnées aux alentours du village, à 4 CUC de l’heure, alors que ces guides sont parfaitement inutiles. Toutes ces balades sont étudiées pour faire acheter des cigares, du café et du miel dans des boutiques spécialement prévues à cet effet. C’est la règle véhiculée par la plupart des casas particular, un peu comme une mafia locale.

En fin d’après-midi, j’admire le point de vue depuis la terrasse de l’hôtel Ermita sur les hauteurs de Viñales, à environ 2km et 5min en taxi de la place de l’église.

Et pour finir la journée en beauté, je vais danser au Centro Cultural Polo Montañez. Il est situé à gauche de l’église et propose un spectacle tous les soirs à partir de 21h. C’est sympa pour les amateurs de salsa.

Aujourd’hui, c’est le grand jour ! Je vais faire un tour à la Mecque du cigare dans le monde du côté de Pinar Del Rio, une petite bourgade située à 30 km de Viñales.

Pinar del Río n’a pas le charme de Viñales mais c’est le meilleur endroit avec les villages de San Luis et de San Juan y Martinez pour visiter une vraie plantation de tabac. A eux-trois, ils forment le célèbre triangle d’or du tabac : Vuelta Abajo. Dans ce triangle d’une vingtaine de km de côté, glissé entre les monts et la mer, se trouvent les meilleures terres à tabac de Cuba… et par conséquent du monde !

Et tant qu’à faire, autant choisir la plus prestigieuse des plantations : Finca El Pinar – Alejandro Robaina. De Pinar del Rio, nous filons vers le sud sur 12 km en direction de San Juan y Martinez, jusqu’à un embranchement sur la gauche en direction de San Luis. Après 3 km et une petite montée, un petit chemin agricole nous amène au domaine 1 km plus loin.

Alejandro Robaina, décédé en 2010 à 91 ans, était une véritable institution à Cuba, connu des amateurs de cigares du monde entier. Et pour cause, il était le seul planteur à avoir été honoré par le régime de son vivant, à travers la création d’une marque de cigares à son nom en 1997.

Ici, on apprend à rouler un cigare dans les règles de l’art et en plus on repart avec.

Au domaine Alejandro Robaina poussent les feuilles les plus recherchées, celles qui forment la « tripe » et la « cape » utilisées dans à la fabrication des célèbre puros, destinés par ailleurs à l’exportation.

Parmi les 5 variétés de Robainas, les Unicos disputent année après année aux Robustos de COHIBA le titre de meilleurs cigares au monde.

Bien sûr, nous sommes invités à la fin de la visite improvisée à fumer un très bon cigare de la maison Robaina avec option d’achat pour les amateurs. Et c’est quand même bien sympa de vivre une telle expérience à l’endroit même où il a été fabriqué. Même si je l’avoue, ce n’est pas trop mon truc.

Pour info, la mise en terre des plants de tabac s’effectue à partir de fin septembre ou courant octobre (après préparation de la terre), la récolte a lieu 3 mois plus tard, selon la maturation. Les feuilles sont alors délicatement cueillies à la main, une par une, en commençant par le pied de la plante. Une sévère sélection est opérée en fonction de la qualité et de la taille des feuilles.

Il faudra 135 opérations différentes pour la réalisation d’un cigare, entre le séchage (les feuilles sont suspendues pendant 2-3 mois dans une grange appelée la casa de secado), la fermentation dans des ballots en feuilles de palmier royal (durant 1 mois) et le travail en manufacture. Les moins bonnes feuilles vont à la production de cigares « nationaux », les meilleures étant réservées à l’exportation.

Enfin, il est bon de savoir que, le plus souvent, les cigares proposés aux touristes par les vegueros de la région sont d’une piètre qualité, que les paysans tentent de masquer en ajoutant du miel. Gare aux non-initiés ! 😉